Reportage su Angelo D’Arcangeli trasmesso

su Radio France Inter, trasmissione « Cosmopolitaine»

domenica 5 Febbraio 2006

Présentation du programme de l’émission :

Journaliste : Caroline Ostermann se lance sur les traces d’un fugitif, Angelo

D’Arcangeli. C’est un jeune italien que la justice française accuse à tort,

selon l’avocat et son intéressé, d’activisme dans un groupe politique proche

des Brigades Rouges

Reportage :

Angelo : J’ai commencé mon activité politique à l’âge de 14 ans, parce qu’à

l’âge de 14 ans, je suis allé à Padova, une ville d’Italie, à jouer au football

(je suis d’origine de Rome) et là-bas, j’ai rencontré la politique. Et après, à

l’âge de 17 ans-18 ans j’ai commencé à m’engager pour la construction d’un

nouveau Parti Communiste Italien.

Journaliste : Lui, c’est Angelo D’Arcangeli, et c’est Caroline Ostermann qui

l’a rencontré pour vous. Alors, elle ne pourra pas vous présenter son

reportage, pour des raisons familiales elle ne peut pas être à l’antenne, des

raisons familiales heureuses, je précise. C’est moi donc qui vais lire tout

bêtement le papier qu’elle m’a laissé. Ca commence comme ça : Angelo

D’Arcangeli, je vous traduis ça veut dire « Ange D’Arcange », hein, faut

s’appeler comme ça quand même... Angelo D’Arcangeli, un jeune Italien de 21 ans

a été arrêté le 19 juillet dernier à Paris par la Division Nationale

Anti-terroriste. Il est soupsonné par le juge Thiel de faire partie d’un groupe

terroriste proche des Brigades Rouges italiennes. En fait, les policiers n’ont

rien trouvé d’illégal au domincile du jeune homme, ni armes, ni plans

meurtriers. Il demeure cependant, après quatre mois d’incarcération, sous

contrôle judiciaire. Ca veut dire qu’il a été remis en liberté. Mais que

reproche la justice

française à ce militant d’extrême-gauche ? Elle lui reproche d’avoir aidé en

France deux membres du (nouveau)Parti communiste Italien, lequels ont été

accusés d’avoir participé à des attentats meurtriers. Or, la justice italienne

les a blanchi, mais ils restent la cible des autorités. C’est pourquoi ils sont

venus chez nous, clandestinement, munis de faux-papiers. Angelo D’Arcangeli et

ses amis s’estiment victimes de persécutions de la part des autorités

françaises et italiennes. Ils se demandent, et ils s’interrogent, ils se

demandent en somme si la France ne collaborerait pas avec Berlusconi, lequel

profiterait des lois anti-terroristes pour réprimer toute opposition politique. 

C’est une grave question, que Caroline Ostermann tente de résoudre comme elle

peut, avec l’intéressé, Angelo D’Arcangeli, sa femme, et son avocat.

Angelo : Mon arrestation a été faite le 19 juillet 2005, par la Division

Nationale Anti-terroriste. Je me trouvais à la maison d’une amie, ils sont

arrivés à six heures du matin, ils ont cassé la porte, ils m’ont menotté, et

j’étais par terre. La première chose qu’ils m’ont dite, ils m’ont mis le

flingue sur la tête et ils ont crié : objectif trouvé !

Elise : Alors moi je suis Elise, une amie d’Angelo. Je n’ai pas assisté à son

arrestation, puisque je suis partie donc à six heures moins dix, dix minutes

avant l’arrivée des policiers, j’en ai été informée par mes colocataires. Ils

étaient six je crois, certains portaient des armes, d’autres des gilets

pare-balles, des lampes-torches à la main, ils ont fouillé tout l’appartement,

en criant : Police ! Police ! Il est où Angelo, il est où Angelo ? Ils ont

menotté tout le monde et ils ont fait une perquisition avec Angelo, et Angelo

est parti avec eux.

Henri de Beauregard (avocat) : Globalement, ce qui lui est reproché, c’est

d’avoir été proche de deux figures de l’extrême-gauche italienne qui vivaient

en France dans une forme de clandestinité. J’espère que ce n’est pas ça qu’on

lui reproche aujourd’hui sous l’appellation fourre-tout et dont chacun sait

qu’elle est fourre-tout et c’est en ça qu’elle est dangereuse, d’association de

malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme. En réalité, je crois

que la procédure dont il est l’objet est la conséquence de son attachement à

l’une ou l’autre des figures historiques de l’extrême-gauche italienne, mais je

suis toujours un peu confus et un peu consterné de voir et d’avoir la sensation

que la France, et la justice française, s’associent à une forme de cabale

judiciaire d’abord contre ces dites figures historiques, et plus encore contre

ce jeune garçon de 21 ans, qui n’a rien fait d’autre que d’être proche et

d’être un peu admiratif à l’égard de ceux qui pourraient être ses

grands-pères, qui ont une soixantaine d’années et qui font preuve d’un

idéalisme politique communiste ancienne mode, dont chacun peut penser ce qu’il

veut.

Journaliste 1 : Donc, on vous a arrêté, ici en France, le motif exact

c’était...

Angelo : association de malfaiteurs avec finalité de terrorisme. Et pour ce

motif j’ai passé quatre mois de prison à Fresnes, dans une situation de total

isolement de l’extérieur. Par exemple, le juge a bloqué tout le courrier, et

j’ai eu la possibilité de parler avec mon avocat seulement à la fin de la garde

à vue. Ma cellule était perquisitionnée une fois par semaine. Dans la

promenade, toutes les choses que je disais étaient enregistrées. L’objectif

était de me faire pression, pour me faire, je ne sais pas, balancer quelqu’un

et en même temps pour me faire abandonner l’activité politique.

Elise : cette arrestation, et ces quatre mois de détention qu’Angelo a fait,

quatre mois c’est énorme, et c’est pas encore fini, il est pas encore

totalement libéré, il est sous astreinte judiciaire, ça me paraît complètement

absurde, et complètement déplacé par rapport à ce qu’il a fait, puisque son

crime étant d’être un militant politique, proche d’une organisation qui est

certes clandestine, mais pas du tout illégale, et certainement pas terroriste

au sens de semer et répandre la terreur... C’est une organisation qui est très

théorique, très idéologique. C’est à dire que ce sont des intellectuels, qui

produisent des textes et qui les rendent publics, à des fins de propagande,

tout simplement pour se faire connaître et pour faire connaître leurs idées. Et

dans tous les textes il y a cette idéologie marxiste-léniniste qui est

développée, de construire le parti, etc. Il était conscient des risques qu’il

prenait en venant en France. Il a quitté... Il a quitté sa famille, son pays,

pour s’engager totalement, dans une nouvelle vie intellectuelle à

l’université, et dans cette... pour se rapprocher de cette organisation, et

c’est vraiment beau. Parce que c’est de plus en plus rare. Après, ce n’est pas

un secret que je suis en désaccord idéologique profond avec eux et avec lui,

mais après je respecte vraiment cette détermination qu’il a, et cette énergie

qu’il met dans son idée de changer le monde, et de révolutionner le monde.

Journaliste 1 : Quelles sont les idées que vous défendez, précisement ? Donc

vous parlez effectivement de nouveau parti communiste, mais quel est votre

programme, concrètement ?

Angelo : Notre programme est d’instaurer le socialisme en Italie. Il est donc

nécessaire aussi une révolution armée, nous sommes sûrs de ça.

Journaliste 1 : Vous êtes pour la révolution armée ?

Angelo : Pour la révolution armée, bien sûr. Donc nous travaillons pour

préparer cette chose. La différence entre nous et les Brigades Rouges est que

les Brigades Rouges pensent qu’il est possible de faire la révolution avec des

petits groupes qui font des actions armées. Nous pensons qu’il n’est pas

possible de faire la révolution comme ça, nous pensons qu’il est nécessaire que

la révolution armée doit être de masse. Nous sommes pour la dictature du

prolétariat. Nous sommes maoïstes. Pour moi, c’est une victoire sociale, une

victoire que moi aussi, comme toutes les personnes, j’ai besoin. Parce que

continuer à vivre dans une société comme ça, ce n’est pas possible, en

pratique. Pour moi, pour un jeune de 21 ans, penser à un futur, penser de faire

une famille, penser d’avoir un travail, tout ça, c’est toujours plus difficile. 

Pour nous, l’unique société meilleure c’est le socialisme.

Journaliste 1 : S’il y a procès, il se fera où, en France ou en Italie ?

Angelo : En France. Mais en effet, la chose intéressante, c’est que l’Italie

n’a jamais demandé l’extradition pour les militants du (nouveau)Parti

Communiste Italien ou pour moi. Elle n’a jamais demandé l’extradition. Cela

démontre aussi qu’il n’existe pas des éléments concrets qui démontrent des

actions terroristes.

Journaliste 1 : Comment expliquez-vous que votre engagement politique dérange

tellement le parti de Berlusconi ?

Angelo : Alors, en Italie, oui, se développe une persécution très forte

contre tous les mouvements d’extrême-gauche mais aussi les mouvements des

étudiants et le mouvement syndical. Avec Berlusconi cette répression s’est

développée beaucoup. Presque toutes les organisations d’extrême-gauche se

trouvent dans une enquête pour terrorisme. Maintenant, avec Berlusconi, mais

aussi avec Sarkozy en France se développe un mécanisme qui va réprimer

l’intention, le projet politique, l’idée, pas l’action.

Elise : Vous avez vu le film « Minority Report » ? C’est ça, c’est juger les

intentions de commettre des crimes, j’appelle pas... Non, c’est pas du

terrorisme. L’explication à trouver à cet acharnement de la justice française

contre lui, peut-être qu’il y a là une volonté cette fois-ci politique de la

France de prendre la révolte à la source, pour plus tard élever des moutons

bien disciplinés. Et peut-être que ce qui gêne aussi chez Angelo, c’est le fait

qu’il soit si jeune, si déterminé, si fougueux. La France, depuis 68, Mai 68,

elle a un peu peur de ses étudiants, de ce qui peut constituer le début d’une

révolte de la jeunesse. Peut-être qu’elle est particulièrement attentive à sa

jeunesse et à ne pas répéter un scénario catastrophe.

Elise : Angelo a cet engagement total et complet que l’on retrouve que dans

les romans, dans les personnages romantiques, et romanesques. Je le vois de

l’extérieur, et c’est ce que ça m’évoque. Mais sinon, son engagement est

concret, réel et déterminé, réfléchi, et admirable aussi pour ça.