CHRONIQUE DE
GUANTANAMO - N° 3 - 1er février 2006 Pour
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4ème
année - N° 3 - 1er février 2006
Publication
bimensuelle du Collectif guantanamo, 5 rue de Douai, 75009 Paris
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« La
possibilité,
pour le pouvoir exécutif, de jeter un homme en prison sans
formuler aucune
charge reconnue par la loi contre lui, et notamment de lui
refuser le jugement
par ses pairs, est odieuse au plus haut degré et elle est
le fondement de
tout gouvernement totalitaire, qu’il soit nazi ou communiste. »
Winston Churchill
1er
Février 2006 : CELA FAIT 1 505 JOURS
QUE NOS FRÈRES
HUMAINS SONT RETENUS EN OTAGES À GUANTANAMO !
06/02/06 -
Ouverture en Virginie du procès de Zakarias Moussaoui, qui
risque la peine de
mort 06/02/06 - Amnesty International demande la libération de
résidents britanniques
détenus à guantanamo 06/02/06 - Deux Ouïgours
chinois restent détenus à
guantanamo car aucun État ne veut les accueillir 28/01/06 -
Plainte collective
contre la grande rafle du11 septembre 27/01/06 - Des grévistes
de la faim
proches de la mort : Abou Bakah Al Shamrani ne pèse plus que 32
kilos !
27/01/06 -
Halliburton décroche un contrat de 385 millions de $ pour le
développement de
camps de concentration sur le territoire US
26/01/06 -
Couloir de la mort à guantanamo : de
nouvelles procédures
militaires
permettront, dès le 17 février, l’exécution de
condamnés sur la base
US
26/01/06 -
Détentions secrètes par la CIA dans
des
États membres du Conseil de
l¹Europe :
rapport provisoire de Dick Marty
26/01/06 - Sami
Al Hajj : Pourquoi RSF se tait-elle sur ce journaliste torturé
? par Salim
Lamrani
24/01/06 - Un
adjudant US reconnu coupable ³par négligence² de la
mort d’un général iraquien
durant un interrogatoire 22/01/06 - Guantanamo, Abou Ghraib : le
général Miller
à la retraite 17/01/06 - Dossier Quibla :
Les
révélations
du Sonntagsblick sur un fax égyptien intercepté par les
services de
renseignement suisses mettent en lumière le rôle de plaque
tournante de la
Suisse ³neutre² dans les ³transferts
extraordinaires² de
prisonniers
kidnappés par la CIA
06/02/06 -
Ouverture en Virginie du procès de Zakarias Moussaoui, qui
risque la peine de
mort Le premier procès aux Etats-Unis en lien direct avec les
attentats du 11-Septembre
aux Etats-Unis s’ouvre ce lundi, plus de quatre ans après, avec
le début de la
sélection des jurés chargés de décider du
sort du Français Zacarias Moussaoui,
seul prévenu à ce jour.
Dès six heures
du matin plusieurs des rues attenantes au tribunal
fédéral d’Alexandria, à
seulement une vingtaine de minutes en voiture de Washington, seront
fermées
pour raison de sécurité.
Toute la
journée, 500 personnes tirées au sort sur les listes
électorales de l’Etat de
Virginie, où se trouve le tribunal, y sont convoquées
pour remplir un questionnaire
d’une quarantaine de pages. De leurs réponses neutres ou non
dépendra en partie
leur sélection pour le premier procès américain
lié aux attaques du
11-Septembre, dans un pays qui se déclare encore, quatre ans et
cinq mois après
les attentats les plus graves de l’histoire, en état de
« guerre contre le
terrorisme ».
Avant de leur
faire remplir ce questionnaire, à partir de 10h00 du matin
(15h00 GMT) la juge
Leonie Brinkema, en charge de l’affaire depuis l’inculpation en
décembre 2001
de Moussaoui, leur résumera celle-ci. Elle leur expliquera
peut-être que
Moussaoui, né le 30 mai 1968 à Saint-Jean-de-Luz, dans le
sud-ouest de la
France, a été interpellé le 16 août 2001
dans l’Etat du Minnesota (nord) alors
qu’il prenait des cours de pilotage. Qu’y faisait-il ?
3.000 personne
presque un mois plus tard, mais a admis, le 22 avril 2005, sa
complicité avec
les pirates de l’air.
Avec cet aveu,
que sa défense avait tenté par tous les moyens de
combattre, Moussaoui a limité
le procès à la question de savoir s’il sera
condamné à la réclusion criminelle
à perpétuité, sans libération possible, ou
à la peine de mort. Il mérite la
peine de mort, car il savait et « a menti (...) pour
permettre à ses
+frères d’al-Qaïda+ de poursuivre
l’opération », a affirmé l’accusation.
Avant même de répondre à cette question, les
jurés potentiels, seront entourés
dès lundi de toutes sortes de précautions pour
préserver leur anonymat et leur
sécurité: toute photographie ou dessin permettant de les
identifier a été
proscrite par le tribunal. Après avoir rempli le questionnaire,
ils devront
revenir à partir du 15 février, pour être
interrogés et, pour certains, récusés
par les avocats ou l’accusation.
Sauf retard,
les débats doivent commencer le 6 mars en présence des 12
jurés retenus, avec
une première phase à l’issue de laquelle ils
décideront s’il est « passible »
de la peine de mort et, en cas de réponse positive, une
deuxième où ils
détermineront s’ils lui imposent ou non la peine capitale. Durant ces deux phases des témoins et
experts se succèderont à la barre, pour l’accusation et
la défense.
Comment réagira
l’ »esclave d’Allah » autoproclamé, le
« musulman
fondamentaliste ouvertement hostile aux juifs et aux
Etats-Unis » ? Ses
avocats, à qui il refuse de parler depuis des mois, l’ignorent.
Ils ont d’ores
et déjà annoncé qu’ils tenteront de prouver que le
gouvernement en savait plus
sur les attentats du 11-Septembre que Moussaoui. Ils pourraient
également
tenter de prouver que cet homme brun, trapu, si souvent agité,
est atteint de
schizophrénie, une circonstance atténuante qui pourrait
lui épargner la mort.
A ce procès,
il y aura toutefois deux grands absents: le Pakistano-koweïtien
Khaled Cheikh
Mohammed, numéro trois d’al-Qaïda, cerveau
présumé des attentats, et le
Yéménite Ramzi bin Al-Shaiba, planificateur
supposé. Capturés en 2003 et 2002,
ils restent détenus au secret par les Etats-Unis, sans doute sur
la base de
Diego Garcia, dans l¹Océan Indien.
Source : AFP, 6
février 2006
06/02/06 -
Amnesty International demande la libération de résidents
britanniques détenus à
guantanamo Amnesty International a appelé lundi à la
libération de neuf résidents
britanniques détenus selon l’organisation par les
autorités américaines à la prison
de guantanamo.
Neuf citoyens
britanniques ont déjà été
relâchés de guantanamo suite à la pression du
gouvernement britannique, mais neuf personnes ayant toutes des liens
avec la
Grande-Bretagne y demeurent encore, selon Amnesty, qui qualifie de
« honteux »
le manque d’efforts mobilisés en leur faveur par le gouvernement
britannique.
« Ces
hommes sont devenus des prisonniers oubliés », a
déclaré Kate Allen, représentante
de l’organisation en Grande-Bretagne.
Amnesty a donné
l’exemple d’Omar Deghayes, âgé de 35 ans et d’origine
libyenne, qui avait reçu
le statut de réfugié avec sa famille en Grande-Bretagne,
dans les années 1980.
Deghayes s’est selon Amnesty plaint de mauvais traitements durant plus
de trois
ans de détention, et aurait participé à une
grève de la faim l’année dernière.
La prison de la
base navale américaine à Cuba détient actuellement
environ 500 prisonniers de
quelque 40 pays. Une grande partie d’entre eux ont été
arrêtés suite à l’invasion
américaine de l’Afghanistan dans le sillage des attaques
terroristes contre les
Etats-Unis le 11 septembre 2001, et de nombreux prisonniers sont
détenus depuis
plusieurs années sans avoir été accusés ou
présentés devant un tribunal.
« Après
quatre ans, guantanamo est devenu synonyme d’abus et une accusation
contre le
manquement du gouvernement américain à maintenir les
droits de l’Homme dans la
guerre contre le terrorisme », a estimé Kate Allen. Le gouvernement britannique a
déclaré par le
passé ne pas pouvoir représenter des personnes qui ne
sont pas des citoyens
britanniques.
Source : AP, 6
février 2006
06/02/06 - Deux
Ouïgours chinois restent détenus à guantanamo car
aucun État ne
veut les accueillir
par Alain Salles,
Le Monde, 3 février 2006
Abou Bakker
Qassim et Adel Abdel Hakim sont chinois... comme leur nom ne l’indique
pas. Ce
sont des Ouïgours, cette minorité musulmane et turcophone
qui vit dans le
nord-ouest de la Chine depuis des centaines d’années, dans la
province du
Xinjiang, qu’ils préfèrent appeler « Turkestan
oriental ». Frontalière
de l’Asie centrale, la région
est rétive à la tutelle pékinoise et
travaillée par des ressentiments
séparatistes.
Abou Bakker
Qassim et Adel Abdel Hakim ont quitté leur pays il y a environ
cinq ans. Ils
croupissent depuis plus de trois ans dans la prison américaine
de guantanamo, à
Cuba. Ils sont innocents. La justice militaire américaine a
reconnu, il y a
près d’un an, qu’ils n’étaient pas des
« combattants ennemis », terme
désigné pour qualifier les gens soupçonnés
de terrorisme. Mais ils sont condamnés
à rester à guantanamo pour cause de vide juridique. Ils ne veulent pas rentrer en Chine par
crainte d’être torturés :
la répression par Pékin des
« séparatistes ouïgours » y est
brutale. Ils
ne peuvent invoquer le droit d’asile, guantanamo n’étant pas un
territoire
américain. Les autorités américaine ne sont pas
enclines à accueillir d’ex-détenus
de guantanamo, même innocents, aux Etats-Unis. Elles ne sont pas
les seules.
CHASSEURS DE
PRIMES
Depuis août
2005, le département d’Etat cherche un pays où les deux
Ouïgours pourraient
trouver refuge. Mais peu d’Etats sont prêts à accueillir
des réfugiés libérés d’une
prison qui rime avec terrorisme, en prenant au passage le risque de
froisser
les autorités chinoises. Selon le président de
l’association américaine des
Ouïgours, Nury Turkel, « le gouvernement a
contacté vingt-cinq pays, dont
la France, qui ont refusé ». Les Ouïgours sont,
selon lui, des « musulmans
modérés ». « Le mouvement
ouïgour est un mouvement nationaliste, pas
religieux », estime-t-il.
En décembre, un
juge a déclaré que la détention des deux
prisonniers était illégale, mais qu’il
ne pouvait pas obliger le gouvernement à les libérer.
« La question est de
savoir si la loi me donne le pouvoir de faire ce que la justice
demande. La
réponse est, selon moi : non », écrit le juge
James Robertson, soulignant
une fois encore la question des pouvoirs de l’exécutif en temps
de guerre.
Le juge
Robertson est celui qui a claqué la porte du tribunal
spécial chargé d’autoriser
les opérations de surveillance, après les
révélations du New York Times sur les
écoutes sans mandat. Les avocats des Ouïgours viennent de
déposer un recours
devant la Cour suprême pour arbitrer cette question
d’équilibre des pouvoirs.
En entreprenant
leur odyssée au début des années 2000, les deux
Ouïgours ne pensaient pas se
retrouver un jour à l’origine d’un tel casse-tête
juridique aux Etats-Unis. Comme
d’autres de leurs compatriotes, ils sont passés clandestinement
au Kirghizstan
en espérant obtenir un visa pour la Turquie. En vain.
Fin 2001, ils
se sont trouvés « au mauvais endroit au mauvais
moment », comme le dit
leur avocate, Sabine Willett : au Pakistan, près de la
frontière afghane. Après les
frappes aériennes contre le régime
des talibans, en septembre 2001, ils ont été
dénoncés aux autorités américaines
par des chasseurs de primes, pour 5 000 dollars. Ils ont
été transportés à
Kandahar, en Afghanistan, où ils sont restés six mois en
prison avant d’être
transférés à guantanamo. Le
ministère
de la défense estime qu’ils se trouvaient en Afghanistan pour y
suivre un
entraînement dans un camp taliban. Ce que contestent leurs
avocats :
« S’ils ne
sont pas « ennemis combattants », cela veut dire
qu’ils n’ont aucun rapport
avec les talibans. »
Depuis
l’été
2005, ils sont détenus à Camp Iguana, une annexe de la
prison, dans l’attente
de leur libération. Ils ont vue sur la mer, accès
à un terrain d’exercices,
peuvent jouer au ping-pong, regarder des films, mais n’ont pas le droit
de
sortir du camp et, quand ils ont reçu la visite de leur avocat,
ils étaient
enchaînés.
Neuf détenus,
dont cinq Ouïgours, se trouvent encore à Camp Iguana, dans
le même no man’s
land juridique. L’un d’eux, Saddiq Ahmad Turkistani, un Ouïgour
né en Arabie
saoudite, était prisonnier des talibans à Kandahar,
accusé d’avoir comploté
contre Ben Laden. Il était heureux d’avoir été
libéré par l’armée américaine.
Quelques semaines plus tard, il se retrouvait... à guantanamo.
28/01/06 -
Plainte collective contre la grande rafle du11 septembre
par
William Fisher, Inter Press Sevice, 24 janvier 2006
Traduit de
l¹anglais par Yves Lecrique et révisé par FG,
membres de Tlaxcala, le réseau de
traducteurs pour la diversité linguistique (transtlaxcala@yahoo;com).
Cette
rtaduction est en Copyleft.
Quatre
musulmans retenus sans charge après le 11 Septembre 2001,
finalement lavés de
tout soupçon, mais expulsés
ensuite en
Egypte, on finalement été autorisés à
retourner aux USA pour engager leur
action collective en justice contre le gouvernement américain.
Ils portent
plainte pour emprisonnement illégal et mauvais traitements, au
nom de quelques
1200 autres musulmans et Asiatiques du sud raflés et
détenus à la suite des
attaques sur le World Trade Center et le Pentagone. Yasser
Ebrahim, le premier d¹entre eux à être
autorisé à revenir
d¹Égypte, dans des conditions draconiennes, a fait sa
déposition lundi.
Ces hommes, qui
portent l¹accusation d¹avoir subi des traitements inhumains
et dégradants dans
un centre de détention de Brooklyn, sont autorisés
à participer au procès sous
de strictes conditions, dont le confinement dans leur chambres
d¹hôtel et
l¹interdiction de communiquer avec quiconque à
l¹extérieur pendant la durée du
procès. Les trois autres plaignants sont attendus aux USA dans
les deux
semaines à venir. Quatre autres déportés sont
associés à la plainte judiciaire
mais il est peu probable qu¹ils retournent aux USA pour y
déposer. Les plaignants
dénoncent le fait d¹avoir été
placés en cellules d¹isolement, et d¹avoir subi de
sévères tabassages,
d¹incessantes outrances verbales et une coupure totale de leurs
communications
avec leurs familles etl leurs avocats.
Le Centre pour
les Droits Constitutionnels (Center for Constitutional Rights,
CCR), un groupe
de défense des droits civils qui a pris en main leur cas, a
déclaré que
les
conditions mises à leur retour aux USA sont
particulièrement
inhabituelles
dans un procès civil et un signe de ce qu¹il a
appelé la «
paranoïa » du
gouvernement « envers les musulmans et les hommes du Moyen Orient
».
La plainte
appelle John Aschcroft, ex -Procureur général [Ministre
de la Justice, NDT],
Robert Mueller, directeur du FBI (Federal Bureau of Investigation), des
fonctionnaires de l¹immigration et des officiers
pénitentiaires à la barre. La
plainte, déposée à l¹origine en 2002, demande
des compensations et des dommages
et intérêts.
Le directeur
juridique du CCR Bill Goodman a déclaré à IPS :
« Peu de temps après le 11
Septembre, le Département de la Justice a mis en
détention environ 2000 hommes
musulmans, principalement du Moyen Orient et d¹Asie du Sud. Aucun
des ces
hommes n¹a jamais été reconnu coupable de quelque
forme de terrorisme que ce
soit, ni même d¹être lié au terrorisme. »
« Ces hommes ont été détenus de
nombreux mois plus que nécessaire, à l¹isolement,
souvent maltraités
physiquement et dans des conditions dégradantes. Le gouvernement
s¹est battu
becs et ongles contre toute supervision judiciaire de ce qui se
passait. » «
C¹était le début de qui s¹est
avéré être la politique US de détention
indéfinie
sans procès, impliquant souvent de la torture, » dit-il. « La présente action en justice
cherche à
remettre en cause et à rectifier les agissements illégaux
du gouvernement. » Les
réclamations des plaignants seront étayées par un
rapport de 2003 du Bureau de
l¹Inspecteur Général du Département de
Justice (IG), qui constata que certains
officiers pénitentiaires projetaient des détenus contre
les murs, tordaient
leurs bras et leurs mains de manière douloureuse, marchaient sur
les chaînes
qui entravaient leurs pieds et les punissaient en les laissant
ligotés pendant
de longues durées.
Ce rapport à
également cité des bandes vidéos montrant que
certains personnels de centre de
détention « faisaient un usage abusif des fouilles au
corps et des entraves
pour punir les détenus » et que « des officiers
enregistraient de manière
irrégulière et illégale des rencontres de
détenus avec leurs avocats. » Le
Bureau Fédéral des Prisons a affirmé avoir
renvoyé deux personnes, rétrogradé
deux autres, et que six autrs ont été suspendus pour des
périodes de deux à 30
jours.
« C¹est
très
important pour nos clients de voir enfin quelqu¹un être tenu
pour responsable
de la brutalité qu¹ils ont subi », a dit
l¹avocat du CCR, Matthew Strugar.
« Mais nous
croyons
que la responsabilité pour ces abus remonte plus haut dans la
hiérarchie du
Bureau des Prisons et nous sommes déçus de voir que pas
plus de personnes n¹ont
été sommées de rendre des comptes. » Un
porte-parole du Département de la
Justice a refusé de commenter l¹affaire. Le
New York Times, qui a interviewé Yasser Ebrahim et son
frère
Hany en Egypte la semaine dernière, a rapporté que les
deux hommes avaient vécu
à New York plusieurs années avant le 11 septembre. Yasser
dirigeait une
entreprise de conception de sites web et Hany travaillait chez un
traiteur. Tous deux furent
arrêtés le 30 septembre
2001, et détenus pendant huit mois environ, même
après qu¹un mémo du FBI daté
du 7 décembre eut établi qu¹ils n¹avaient aucun
lien avec des groupes terroristes,
selon les termes de la plainte.
« Je
réclame
justice, » a déclaré Yasser Ebrahim
d¹après le New York Times. « Cela vient du
même système qui a commis des injustices contre nous
auparavant. Mais j¹ai foi dans ce
système. Je sais que
ce qui s¹est passé avant était une erreur. »
Le procès a de bonnes chances de
susciter plus d¹intérêt des médias que la
plupart des affaires civiles, parce
qu¹il survient à un moment où Georges Bush est
accusé d¹gnorer les droits
constitutionnels et les lois adoptées par le Congrès en
mettant en oeuvre des
écoutes secrètes de conversations
téléphoniques internationales et des
interceptions de courriers électroniques par la NSA, National
Security Agency,
rattachée au département de la Défense. La semaine dernière, le CCR et
l¹American Civil Liberties Union
ont déposé des plaintes affirmant que l¹autorisation
du président Georges Bush
pour des écoutes sans mandat judiciaire était
illégale.
Ils disent
qu¹elles
violent les dispositions du FISA, Foreign Intelligence Surveillance Act
(Loi
sur la surveillance du renseignement étranger) adoptées
par le Congrès en 1978.
Cette loi a instauré un tribunal permanent qui seul est
habilité à émettre des
mandats de surveillance pour des ³personnes US². La loi
définit les ³personnes
US² comme étant celles résidant aux USA,
qu¹elles soient citoyennes ou non.
L¹administration
Bush fait valoir qu¹elle a une autorité constitutionnelle
³naturelle² pour
protéger le peuple en cas de guerre, ainsi qu¹une
autorité implicite de par la
résolution adoptée par le Congrès et autorisant le
président à entreprendre des
actions militaires afin de remporter la « Guerre globale contre
la terreur ».
La commission
judiciaire du Sénat doit convoquer une audition sur les
écoutes téléphoniques
au début du mois prochain, où le Procureur
général Alberto Gonzales sera appelé
à témoigner.
27/01/06 - Des
grévistes de la faim proches de la mort : Abou Bakah Al Shamrani
ne pèse plus
que 32 kilos ! par Sarah Baxter, The
Times, Londres, 22 janvier 2006. Traduit de l¹anglais par le
Collectif
guananamo Bien qu¹ils soient nourris de force par les militaires
US, plusieurs
grévistes de la faim à Guantanamo Bay seraient proches de
la mort, selon leurs
avocats. Les condtions de deux
Yéménites émaciés en grève de la
faim, qu ont refusé toute nourriture solide
depuis le mois d¹août, provoque particulièrement de
l¹inquiétude. On craint aussi
pour la vie d¹un prisonnier saoudien hispitalisé. La femme de Shaker Aamer, résident
étranger en Grande-Bretagne et
gréviste de la faim, s¹est rendue la semaine
dernière à la Chambre des Communes
pour demander de l¹aide aux députés. La femme
d¹Amer, qui a 31 ans, vit à
Londres avec leurs quatre enfants. Elle a demandé que son nom ne
soit pas cité.
Elle dit : « Il est temps de faire quelque chose. Mon mari ne va
pas tenir le
coup.
»
Aamer a
été en
grève de la faim depuis le 2 novembre. Bien qu¹il ait perdu
du poids, il est
plus résistant que certains autres prisonniers participant
à la protestation
contre leur détention sans procès.
Selon un
rapport que l¹association pour les droits des détenus
Reprieve doit rendre
public demain, les Yéménites, Abou Bakah Al Shamrani et
Abou Anas, sont extrêmement
faibles, à en croire d¹autres détenus. Shamrani ne
pèse plus que 32 kilos.
Reprieve
affirme que le Camp Echo, constitué de cellules
d¹isolement, a été transormé en
³institution d¹alimentation forcée² pour les
grévistes isolés des autres
prisonniers et le chemin qui le traverse, en ciment posé sur du
gravier, permet
de déplacer des fauteuils roulants.
Les militaires
ont affirmé la semaine dernière que le nombre des
grévistes de la faim était
tombé à 22 après un pic à Noël et que
17 avaient été nourris par intubation.
Le
lieutenant-colonel Jeremy Martin, porte-parole de la Joint Task Force
(Détachement
spécial conjoint) de guantanamo a
refusé de donner le nombre de détenus hospitalisés
et a dit que les grévistes
de la faim étaient ³malnutris² mais dans ³dans un
étt clnique stable². Il a
démenti que leurs vies soient en danger dans
l¹immédiat.
Le cabinet
d¹avocats US Paul Weiss, qui représente 3 détenus
saoudiens, a reçu des
rapports médicaux hebdomadaires de plus en plus alarmistes sur
les conditions
de l¹un de ses clients, hosipitalisé à
l¹infirmerie du camp. Lors d¹une
visite le mois dernier à
guantanamo, les avocats de Paul Weiss se sont vus interdire de visiter
l¹infirmerie
et se sont entendus dire que leurs clients ne souhaitaient pas les
voir. ³Nous
craignons qu¹ils ne soient en danger de mort², a dit
l¹un des avocats, Jana
Ramsay, ³Normalement, ils sont contents de nous voir. ³ Les
prisonniers nourris
de force ont en permanence un tube dans le nez qui descend dans leur
estomac et
est rattaché à un autre tube pour l¹alimentation. S¹ils ne l¹arrachent pas, les
militaires US disent que cela
signifie qu¹ils consentent à être nourris, même
si le tube a été introduit de
force. Aamer a reçu la visite de
son
avocat, Clive Stafford Smith, directeur juridique de Reprieve.
³Avec des
soufffrans manifestes², il a retiré le tube de son nez pour
qu¹on puisse
l¹examiner. Selon Stafford Smith, le tube faisait 1 mètre
10 de long et était
rouge de sang après avoir été dans l¹estomac
d¹Aamer. Aamer a souhaité
continuer sa grève de la faim jusqu¹à ce qu¹il
soit jugé équitablement ou libéré. il a
déclaré : « Le gouvernment britannique
refuse de m¹aider. À quoi cela sert-il que ma femme soit
Bitannique ?². Il a
dit qu¹il tiendrait le gouvernement britannique pour aussi
responsable de sa
mort que les Américains.
Stafford Smith a
dit : ³Le spectre inévitable de la mort d¹un prisonnier
musulman sur le
sol de guantanamo provoquera encore plus d¹indignation que la
profanation du
Coran. »
27/01/06 -
Halliburton décroche un contrat de 385 millions de $ pour le
développement d
camps de concentration sur le territoire US On savait
déjà que 600 camps de
concentration sont fins prêts à accueilir des millions
d¹nternés sur le
territoire US. Kellogs, Brown & Root, la filiale de Halliburton,
vient de
décrocher un contrat de 385 millions de $ du Ministèr de
la sécurité intéreiure
pour l¹établissement et la mainteannce de camps de
concnetration destinés à répondre
à une situation d¹urgence. Deux types de ³situations
d¹urgence² sont évoqués :
une invasion de migrants et une catstrophe naturelle.
Source : Market
Watch, 25 janvier 2006
26/01/06 -
Couloir de la mort à guantanamo : de
nouvelles procédures militaires permettront, dès le 17
février, l’exécution de
condamnés sur la base US L’armée américaine a fait
savoir, mardi 24 janvier,
que de nouvelles procédures militaires concernant la peine de
mort rendront
possibles des exécutions sur la base de Guantanamo, à
Cuba, si des prisonniers
y étaient condamnés. Ces
procédures,
détaillées dans un document de l’armée de Terre et
signées par son chef d’état-major,
le général Peter J. Schoomaker, sont datées du 17
janvier dernier.
Applicables dès
le 17 février, les procédures sont qualifiées de
« révision majeure »
et concernent les « condamnations à mort
imposées par les cours martiales
ou les tribunaux militaires ».
Par cette
réforme, la peine de mort pourra être appliquée
ailleurs qu’à Fort Leavenworth
(Kansas, centre), seul site jusque-là autorisé. Elle
« permet que d’autres
sites soient utilisés pour des exécutions »,
selon l’armée. Les
procédures pourraient, ainsi, être
applicables par les tribunaux d’exception mis en place sur la base US
de
guantanamo en cas de condamnation à mort de prisonniers. Et
« les ennemis
combattants pourraient être concernés par cette
règlementation », a
précisé le porte-parole de l’armée Sheldon Smith.
Source :
NOUVELOBS.COM, 24 janvier 2006
26/01/06 -
Détentions secrètes par la CIA dans
des
États membres du Conseil de l¹Europe : rapport prvisoire de
Dick Marty Pour
Dick Marty, rapporteur du Conseil de l’Europe, dont les conclusions
provisoires
ont été rendues publiques dans une note d’information
mardi 24 janvier, il est
fort improbable que les gouvernements européens, ou tout au
moins leurs
services de renseignements, n¹aient pas été au
courant des « restitutions »
de plus d¹une centaine de personnes en Europe. Se
référant notamment aux
déclarations de fonctionnaires américains, M. Marty a
déclaré que « de
nombreux indices, cohérents et convergents, permettent de
conclure à
l¹existence d¹un système de
« délocalisation » ou de
« sous-traitance »
de la torture ». Il s’est également
félicité de l¹arrivée d¹informations
détaillées d¹Eurocontrol le 23 janvier,
l¹Agence européenne du trafic aérien,
et des images satellite du Centre satellitaire de l¹UE. A
l¹ouverture du débat
devant l’Assemblée, Dick Marty a exprimé sa
préoccupation face aux pressions qui
pèsent sur la presse aux Etats-Unis afin qu¹elle ne
divulgue pas de nouvelles
concernant cette affaire. « Notre but est de rechercher la
vérité
qu¹aujourd¹hui on nous cache », a-t-il
déclaré.
Pour lire le
rapport complet >
Lire aussi :
Stephen Grey, « Les Etats-Unis inventent la
délocalisation
de la torture », dans le Monde diplomatique de avril 2005. Voici une étrange histoire qui met en
scène
un avion privé se servant de l¹Allemagne comme base, un
enlèvement en pleine
rue dans un pays européen, des tortures pires que celles de
Guantanamo et
d¹Abou Ghraib, avec pour acteurs un avocat, des espions et un
terroriste
présumé. Une histoire véridique. Et, si elle a pu
avoir lieu, c¹est parce que «
la notion de droits humains est très souple », comme nous
le confie un ancien
agent de la Central Intelligence Agency (CIA) américaine.
L¹affaire
commence dans l¹après-midi du 18 décembre 2001, peu
après les
attentats du
11-Septembre,.... La suite sur >
26/01/06 - Sami
Al Hajj : Pourquoi RSF se tait-elle sur ce journaliste torturé
?
Le silence
observé par l’organisation de « défense de la
liberté de la presse », Reporters
sans frontières (RSF), au sujet du journaliste soudanais, M.
Sami al Hajj,
suscite de nombreuses interrogations quant à
l’impartialité de l’association dirigée
par M. Robert Ménard.
Toujours
prompte à stigmatiser, souvent de manière arbitraire,
certains pays dans la
ligne de mire de Washington tels que Cuba, le Venezuela et la Chine,
RSF a totalement
ignoré le calvaire enduré par M. al Hajj, travaillant
pour la chaîne de
télévision qatarie Al Jazeera1.
Le 22 septembre
2001, Al Jazeera a envoyé une équipe de journalistes,
dont faisait partie M. al
Hajj, enquêter sur le conflit en Afghanistan. Après 18
jours de reportage, le
groupe s’ est retiré au Pakistan. En décembre 2001, M. al
Hajj est retourné avec
ses collègues couvrir l’investiture du nouveau gouvernement
afghan. Mais, avant
d’avoir pu atteindre la frontière, la police pakistanaise a
procédé à l’arrestation
du journaliste soudanais, relâchant les autres membres de
l’équipe qatarie2.
Transféré
aux
autorités étasuniennes installées en
Afghanistan, M.
al Hajj allait vivre un véritable cauchemar sur la base
aérienne de Bagram. «
Ce furent les pires [jours] de ma vie », a-t-il
témoigné. Il a avoué avoir été
abusé sexuellement et menacé de viol par les soldats
nord-américains. Il a
également été gravement torturé pendant de
longs mois. Les sévices à son encontre
ont été multiples. Il était obligé de se
mettre à genoux à même le sol pendant
plusieurs heures. Des chiens le harcelaient et l’agressaient
constamment. Le
journaliste soudanais a également été longtemps
enfermé dans une cage et placé
dans un hangar à avions glacial. Il a expliqué comment
ses cheveux et les poils
de sa barbe ont été arrachés un à un par
ses bourreaux. Il a été régulièrement
passé à tabac par ses gardes et, durant près de
100 jours, il n’a pas été
autorisé à se laver alors que son corps était
couvert de poux3.
Le 13 juin
2002, M. Sami al Hajj a été expédié
à Guantanamo. Durant le vol, il a été
maintenu enchaîné et bâillonné avec un sac
sur la tête. A chaque fois que la
fatigue le gagnait, il était violemment réveillé
par ses gardes qui le frappaient
à la tête. Avant son premier interrogatoire, il a
été privé de sommeil pendant
plus de deux jours. « Pendant plus de trois ans, la plupart de
mes
interrogatoires avait pour but de me faire dire qu’il a une relation
entre Al
Jazeera et Al Quaeda », a-t-il rapporté à son
avocat4.
Sur le
territoire cubain illégalement occupé par les Etats-Unis,
le reporter soudanais
n’a pas reçu d’attention médiale alors qu’il a souffert
d’un cancer de la gorge
en 1998, et qu’il est atteint de rhumatismes. Il a été
frappé sur la plante des
pieds et intimidé par des chiens menaçants. Il a
été victime de brimades
racistes et n’a pas été autorisé à profiter
des temps de promenades en raison
de sa couleur de peau. Il a également été
témoin de la profanation du Coran en
2003 et, avec ses codétenus, s’est mis en grève de la
faim. La réaction de l’ armée
étasunienne à la protestation a été
extrêmement violente :
il a été
battu et
jeté du haut des escaliers, se blessant
sérieusement
à la
tête. Il a ensuite été isolé avant
d’être
transféré
vers
le Camp V, le plus sévère de tous les centres de
détention de Guantanamo, où il
a été classé au niveau de sécurité
4, niveau qui est synonyme des pires
brutalités5.
Ce témoignage,
accablant pour l’administration Bush qui refuse toujours d’accorder le
statut
de prisonniers de guerre aux détenus de Guantanamo, s’ajoute
à deux
déclarations faites par d’autres victimes à Amnistie
Internationale, tout aussi
accusatrices6. Cependant, ils ne constituent que la pointe
émergée de l’iceberg.
A Guantanamo, le crime est double : les Etats-Unis infligent les
barbaries les
plus inhumaines à des personnes séquestrées sans
preuves formelles, et occupent
par la force une partie du territoire de la nation souveraine de Cuba.
La collusion
entre RSF et Washington s’est déjà illustrée dans
le cas du cameraman espagnol
José Couso, assassiné par les soldats de la coalition.
Dans son rapport, l’entité
parisienne avait exonéré de toute responsabilité
les forces armées étasuniennes
malgré les preuves flagrantes. La connivence entre RSF et le
Département d’Etat
nord-américain était telle que la famille du journaliste
a dénoncé le rapport,
demandant à M. Ménard de se
retirer de
l’affaire. La complicité est également évidente
dans le cas de Cuba, où RSF
transforme des agents stipendiés par les Etats-Unis en «
journalistes
indépendants », alors l’information à ce sujet est
disponible et
inconstestable7.
Les autorités
étasuniennes se réjouissent des rapports tendancieux de
RSF et les utilisent
même dans leur guerre propagandiste contre Cuba. M. Michael
Parmly, chef de la Section
d’intérêts nord-américain à La Havane, a
affirmé que 20% des journalistes
emprisonnés dans le monde « se trouve à Cuba. Reporters sans frontières a
récemment établi un classement de 164
pays pour la liberté de la presse ; Cuba a été
classé avant-dernier juste
devant la Corée du Nord8 ».
Mise en cause
pour sa stigmatisation constante de
Cuba à partir
d’éléments
factuels erronés et pour son alignement sur le point de vue
étasunien, RSF a
tenté de répondre aux accusations. Mais le manque de
cohérence du communiqué
ainsi que les propos contradictoires observés n’ont fait que
renforcer les soupçons9.
En effet, M. Ménard n’a point fourni d’explications sur les
liens douteux et
les diverses réunions de son organisation avec l’extrême
droite cubaine de
Floride. Le secrétaire général de RSF va
même jusqu’à afficher son admiration pour
M. Franck Calzón, président du Center for a Free Cuba,
organisation extrémiste
financée par le Congrès des Etats-Unis. «
Il fait un travail fantastique en faveur des démocrates cubains
», a-t-il assuré à son sujet10. Par la suite, RSF a
été contrainte d’avouer
publiquement qu’elle recevait un financement de ce même Centre11.
De la même
manière, RSF a perçu des émoluments par le
National
Endowment for Democracy, organisme dépendant du Congrès
et chargé de promouvoir
la politique étrangère étasunienne12. Ce
financement entraîne un conflit d’intérêts
au sein de l’ organisation française, peu disposée
à dénoncer les exactions commises
par l’un de ses mécènes, à savoir le gouvernement
des Etats-Unis. Avant la
publication du témoignage divulgué par Amnistie
Internationale, M. Ménard
aurait toujours pu prétendre ignorer l’existence de M. Sami al
Hajj. Mais,
malgré la forte médiatisation internationale de ces
nouveaux cas de torture sur
la base navale de Guantanamo, RSF n’a toujours pas daigné s’
intéresser à ce
scandale et s’est réfugié dans un mutisme
révélateur.
La censure de
ce nouveau cas de grave violation de la liberté de la presse
commise par l’administration
Bush ne fait que confirmer un peu plus le double discours de Reporters
sans frontières.
Pendant que l’organisation s’acharne de manière
démesurée sur Cuba alors que
les cas évoqués sont loin d’être convaincants, elle
reste silencieuse sur une
flagrante atteinte à l’intégrité d’un journaliste,
emprisonné et torturé uniquement
parce qu’il travaille pour la chaîne qatarie Al Jazeera,
extrêmement influente
dans le monde arabe et peu complaisante envers Washington. La
crédibilité de l’organisation
de M. Ménard, déjà fortement
ébranlée par son traitement partial et ses liens avec
le gouvernement des Etats-Unis, est de plus en plus en berne car de
tels
manquements comparés à la récurrence
obsessionnelle de certains sujets comme
Cuba ne peuvent pas être le fruit du hasard.
Notes :
1
Amnistie Internationale, « USA : Who Are the Guantanamo
Detainees? Case Sheet
16 : Sudanese National Sami al Hajj », 11 janvier 2006.
consulté le 14
janvier 2006).
2 Ibid.
3 Ibid.
4 Ibid.
5 Ibid.
6
Amnistie Internationale, « USA : Days of Adverse Hardship in US
Detention Camps
- Testimony of Guantánamo Detainee Jumah al-Dossari », 16
décembre 2005.
consulté le 14
janvier 2006) ; Amnistie Internationale, « USA:
Who Are the
Guantánamo Detainees? Case
Sheet 15: Yemeni National Abdulsalam al-Hela », 11 janvier 2006.
consulté le 14
janvier 2006).
7 Famille
Couso, « La familia de José Couso pide a Reporteros Sin
Fronteras que se retire
de la querella », 17 janvier 2004. www.josécouso.info (site consulté le 18 juillet 2005).
8 Michael
E. Parmly, « Speech by U.S. Interests Section Chief of Mission
Michael Parmly
Marking the 57th Anniversary of the UN General Assembly’s Adoption and
Proclamation of The Universal Declaration of Human Rights »,
United States
Interest Section, 15 décembre 2005.
JAPwksLQ/parmly1210e.pdf
(site consulté le 29 décembre 2005).
9 Reporters
sans frontières, « Pourquoi s’intéresser autant
à Cuba ? La réponse de
Reporters sans frontières aux accusations des défenseurs
du gouvernement cubain
», 6 juillet 2005. www.rsf.org/article.php3?id_article=14350 (site consulté le 15 juillet 2005).
10 Salim
Lamrani, Cuba face à l’Empire : Propagande, guerre
économique et terrorisme d’Etat
(Outremont, Québec : Lanctôt, 2005), pp. 88-89.
11 Reporters
sans frontières, op.cit.
12 Ibid.
24/01/06 - Un
adjudant US reconnu coupable ³par négligence² de la
mort d’un général iraquien
durant un interrogatoire Un soldat US a été reconnu
coupable samedi d’»homicide
par négligence». Il était jugé par un
tribunal militaire US pour la mort d’un
général iraquien qui avait suffoqué durant un
interrogatoire.
L’adjudant-chef
Lewis Welshofer Junior, 43 ans, a été reconnu coupable
d’homicide par
négligence et de manquement à son devoir mais
acquitté du chef de coups et
blessures.
Il était
accusé
d’avoir placé un sac de couchage sur la tête du
général iraquien Abed Hamed
Mowhoush durant un interrogatoire en 2003, de s’être assis sur la
poitrine de
ce dernier et de lui avoir couvert la bouche avec sa main.
Le jugement a
été rendu par un panel de six officiers de l’armée
US.
Source : AP, 22
janvier 2006
22/01/06 -
Guantanamo, Abou Ghraib : le général Miller à la
retraite par Corinne Lesnes,
Le Monde, 17 janvier 2006 Il était devenu le symbole de
l’approche musclée dans
le traitement des détenus. Le général Geoffrey D.
Miller (56 ans) avait
commandé la prison de Guantanamo, dont il avait fait, selon sa
propre
expression, un “laboratoire”, puis celle d’Abou Ghraib, à partir
de mars 2004. Il
avait recommandé des techniques de “stress” et d’humiliation,
contribuant à “créer
les conditions” des abus, selon un rapport de l’armée, mais sans
être
sanctionné. Le général Miller, retourné au
Pentagone, a fait valoir ses droits
à la retraite, et son départ a été
accepté, a indiqué un porte-parole
militaire.
Avant de
partir, le général Miller a refusé de
témoigner dans le procès de deux soldats,
le sergent Michael Smith et le sergent Santos Cardona, du 320°
bataillon de
police militaire. Ceux-ci comparaissent en cour martiale pour avoir
utilisé des
chiens pour effrayer les détenus à la prison d’Abou
Ghraib. Ils ont indiqué qu’ils ne
faisaient qu’assister
les services de renseignements militaires lors des interrogatoires. Les
avocats
ont demandé le témoignage du général
Miller. Celui-ci avait été envoyé une
première fois de Guantanamo à Bagdad pour rendre plus
effective la collecte d’informations
auprès des Irakiens arrêtés.
L’officier a
invoqué l’équivalent militaire du 5° amendement, qui
permet de ne pas répondre
plutôt que de s’incriminer soi-même. Le chef
d’état-major interarmes, le
général Peter Pace, a pris ses distances, estimant que
les officiers sont
censés “dire la vérité telle qu’ils la
perçoivent”. En mai 2004, le général
Miller avait affirmé devant une commission du Sénat qu’il
n’y avait “pas de
mauvais traitements systématiques à Guantanamo”. Son départ à la retraite
coïncide avec la parution d’un rapport d’Amnesty
International sur Guantanamo, dénonçant les mauvais
traitements systématiques. “Le
centre de détention doit être fermé et
une enquête doit être menée sur les nombreuses
informations faisant état d’actes
de torture et de mauvais traitements depuis 2002”, estime
l’organisation.
Amnesty n’a pas
accès à la prison. Ses témoignages ont
été obtenus par l’intermédiaire des
avocats. L’un d’eux concerne un journaliste soudanais travaillant pour
la
chaîne de télévision Al-Jazira, Sami Al-Hajj, et
qui n’était qu’à son deuxième
reportage lorsqu’il a été arrêté par la
police pakistanaise et remis aux
Américains. “Pendant plus de trois ans, la plupart de mes
interrogatoires ont
eu pour but de me faire dire qu’il y a une relation entre Al-Jazira et
Al-Qaida”,
a-t-il indiqué à Amnesty.
17/01/06 -
Dossier Quibla
Les
révélations
du Sonntagsblick sur un fax égyptien intercepté par les
services de
renseignement suisses mettent en lumière le rôle de plaque
tournante de la
Suisse ³neutre² dans les ³transferts
extraordinaires² de
prisonniers
kidnappés
par la CIA
Le Conseil
fédéral suisse disposait d¹un document qui indiquait
clairement l¹existence de
prisons de la CIA en Europe, mais n¹a rien dit par Silvia Cattori,
9 janvier
2006.
Les services de
renseignements suisses ont intercepté, à mi novembre
2005, un fax envoyé par le
Ministère égyptien des affaires étrangères
du Caire à son ambassade de Londres.
Cette
information, qui a été révélée le 8
janvier 2006 par le magazine suisse de
langue allemande « Sonntags-Blick », apporte une nouvelle
pièce au dossier des
prisons secrètes de la CIA en Europe.
Selon le
Sonntag-Blick le fax intercepté par les services secrets suisses
fait état de
prisons de la CIA en Europe de l¹Est ; il apporte des indices
supplémentaires
sur l¹existence de prisons secrètes américaines en
Europe. Prisons utilisées par les
tortionnaires de
la CIA pour interroger ces détenus invisibles,
transportés par avions cargos à
travers le monde, empaquetés dans des sacs en plastique, sans
aucune
considération humaine. Le fax
égyptien
évoque également l¹interrogatoire, en septembre
2005, de 23 prisonniers afghans
et irakiens, à la base militaire Mihail Kogalniceanu, à
proximité du port de la
mer noire de Constanza, en Roumanie. Les
autorités roumaines pourront-elles continuer de nier, comme
elles l¹ont fait
jusqu¹ici, la présence de prisons secrètes et de
centre d¹interrogatoires sur
leur sol ?
Le Département
de la défense suisse, qui avait eu connaissance de ce document
dès mi-novembre,
s¹est bien gardé d¹en informer le conseiller aux Etats
Dick Marty, chargé par
le Conseil de l¹Europe d¹enquêter sur les prisons de la CIA. Celui-ci
s¹est
plaint de cette rétention de l¹information : « La
Suisse a un comportement un
peu analogue à celui de nombreux autres gouvernements
européens dans cette
affaire. Nombreux savent mais préfèrent détourner
la tête». Comment est-il
possible qu¹un document rédigé
par les services de renseignements du Département
fédéral de la défense, classé
secret, soit arrivé entre les mains de journalistes,
s¹inquiète le Conseil
fédéral ? Dick Marti formule cette hypothèse :
« Ce pourrait être tout
simplement un fonctionnaire fédéral qui, face à ce
à quoi l¹on assiste en
matière de violations des droits humains, a voulu faire un geste
de
responsabilité personnelle pour combattre ce
phénomène ».
Dans
l¹immédiat
la chasse a été lancée par le Conseil
fédéral pour identifier la personne qui a
révélé cette information « sensible »
aux journalistes de « Sonntags-Blick ».
Les
révélations
de Sonntagsblick
Traduit de
l¹allemand
par Eva, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la
diversité
linguistique (Transtlaxcala@yahoo;com). Cette traduction est en Copyleft.
À lire :
·
Scandale
autour de la CIA - Les camps américains de la torture : La
preuve !
·
Les écoutes
téléphoniques - Comment des agents suisses ont
détecté le fax égyptien
·
Ceux qui se
taisent - La réaction du chef de l¹armée Christophe
Keckeis se fait attendre 48
heures
·
Les
conséquences - Le chef du VBS Samuel Schmid lance une
enquête administrative
·
Les
Enquêteurs - Comment des experts internationaux commentent ces
révélations
·
Petit
glossaire des sigles utilisés
·
Dossier CIA
: Quel rôle joue la Suisse?
·
Nous autres
les gardiens, par Christoph Grenacher, rédacteur en chef,
Sonntagsblick
·
Espion &
Espion - La CIA à la chasse : Dick Marty
·
Enlèvements
et torture : la chronologie d¹un scandale
·
L¹enquêteur
du Conseil de l¹Europe et Conseiller des États Dick Marty :
« Presque tous les
Etats dissimulent la vérité dans cette affaire »
Scandale autour de
la CIA - Les camps américains de la torture : La preuve !
par Sandro Brotz
et Beat Jost, Sonntagsblick, 9 janvier 2006
C¹est la
première
preuve: Les Américains possèdent des
prisons secrètes
pratiquant la torture en Europe. Ceci
peut être conclu
d¹un échange de télécopies entre le
Ministre des
Affaires Etrangères égyptien et son
ambassade à
Londres. Le fax a été intercepté par les
services secrets
suisses et a été obtenu par le
Sonntagsblick.
Les écoutes
téléphoniques
Comment des agents
suisses ont détecté le fax égyptien
Au milieu de la
nuit une histoire sombre est éclairée
par un premier
rayon de lumière. On est le 15 novembre
2005 juste avant
une heure est demi du matin. La
centrale des
écoutes du Ministère de la Défense suisse
(VBS) à Zimmerwald,
à quelques kilomètres au sud de
Berne, surveille
comme d¹habitude tout en respectant les
règles. Le
système
satéllite des écoutes Onyx tourne
aussi à plein
régime cette nuit-là. L¹opérateur des
services secrets
avec le nom abrégé wbm rédige le
rapport « Report
COMINT SAT » qui porte le numéro
d¹ordre
S160018TER00000115.
Wbm sait-il quel
message explosif destiné à ses chefs
de la base de
support de la direction (FUB) de l¹armée
il est en train de
transcrire en français ?
Le message avait
été intercepté dans l¹espace et
retransmis par un
satellite à la terre cinq jours
auparavant : le 10
novembre à 20h24. C¹est un échange
de télécopie
entre
le Ministre égyptien de l¹Extérieur
Ahmed Aboul Gheit
(63 ans) au Caire et son ambassadeur à
Londres. Les agents
suisses titrent le message « Les
Egyptiens
disposent de sources qui confirment
l¹existence de
prisons secrètes américaines ».
Selon le rapport
des services secrets suisses, les
Egyptiens disent
mot à mot: « L¹ambassade
a appris de
ses propres
sources qu¹en effet 23 citoyens irakiens et
afghans ont
été
interrogés sur la base Mihail
Kogalniceanu près
de la ville de Constanza au bord de la
Mer Noire (en
Roumanie remarque de l¹éditeur). De
tels centres
d¹interrogatoires existent en Ukraine, au
Kosovo, en
Macédoine et en Bulgarie. » En outre, ils
rapportent que
selon un article de presse,
l¹organisation des
droits de l¹Homme Human Rights Watch
dispose de preuves
pour des transports de « prisonniers
le 21 et 22
septembre qui ont été transférés par des
avions militaires
américains de la base Salt Pit (mine de sel) à
Kaboul à la base
polonaise Szymany et à la base roumaine
mentionnée
ci-dessus ». Les Egyptiens écrivent
explicitement : «
Malgré tous les faits précités, les
responsables
roumaines continuent à nier l¹existence de
prisons secrètes
dans lesquelles les services secrets
américains
interrogent des membres d¹Al Qaïda. Le
porte-parole de la
délégation européenne a accueilli
positivement le
démenti officiel des Roumains ».
La sensation
Pour la première
fois un Etat confirme qu¹il était au
courant de
l¹existence de prisons secrètes de la CIA en
Europe
La force explosive
du fax du Ministre des Affaires
Etrangères
égyptien est difficilement égalable: Un État
est au courant de
l¹existence de prisons secrètes de la
CIA sur le
territoire européen. Cette information n¹est
pas basée sur des
Open Sources, des sources
officiellement
accessibles, comme des articles de
presse ou des
rapports d¹organisations non
gouvernementales
comme Human Rights Watch. Dans le cas
présent le fax
mentionne qu¹il s¹agit de « propres
sources ». Le
travail des services secrets égyptiens
est estimé comme
étant « extrêmement professionnel »
par des experts
qui souhaitent garder l¹anonymat.
Dans le milieu des
services secrets, les informations
provenant des
services des renseignements du Caire sont
en général
considérées comme étant « absolument fiables
et crédibles
».
L¹ambassadeur égyptien à Berne n¹a pas
souhaité
s¹exprimer face à SonntagsBlick par rapport à
cet échange de
télécopies. La rédaction n¹a pas
cédé à
son souhait
d¹obtenir le document. Il n¹a pas non plus
souhaité
répondre
à la question de savoir s¹il contestait
l¹autenticité
du
document.
Les sources
égyptiennes ont confirmé ce que le monde
entier ne pouvait
jusque-là que soupçonner : au nom de
la lutte contre le
terrorisme, les USA enlèvent,
cachent et
interrogent systématiquement leurs
prisonniers. «
Nous n¹avons utilisé ni les aéroports ni
l¹espace
aérien en
Europe pour transporter des
personnes à des
endroits afin de les torturer là-bas »,
affirmait la
Ministre des Affaires Etrangères
américaine
Condoleezza Rice (51 ans) il y a environ un mois
à l¹occasion
de la
rencontre des Ministres des Affaires
Etrangères de
l¹OTAN à Bruxelles. Mais elle a omis de
confirmer que ces
prisons et ces transports n¹existent
pas.
Ceux qui se
taisent
La réaction du
chef de l¹armée Christophe Keckeis se
fait attendre 48
heures
Une explication
est maintenant également désespérément
recherché au
Bundeshaus (Maison fédérale) depuis que
SonntagsBlick a
confronté mercredi les responsables de
l¹armée avec
des
questions concernant leur propre
rapport
d¹espionnage. Comment se fait-il que les
services secrets
de l¹armée espionnent un État ami ?
Est-ce qu¹on a
informé le Ministre de la Défense Samuel Schmid (59 ans),
la Ministre des
Affaires Etrangères Micheline Calmy-Rey (60 ans) et le Ministre
de la Justice Christoph
Blocher (65 ans) du contenu important du message ? Est-ce qu¹on a
informé la
délégation pour la surveillance des affaires (GPDel)
militaires des conseils
fédéraux ?
Est-ce qu¹on a
transmis le document aux services
secrets américains
ou à d¹autres États comme on le fait
d¹habitude avec des
messages obtenus à l¹aide d¹Onyx ?
48 heures passent
jusqu¹à ce que le chef de l¹armée
Christophe Keckeis
(60 ans) réagisse. Le commandant du
corps refuse
catégoriquement de répondre aux questions
du SonntagsBlick
mais le GPDel sera informée de façon
détaillée. Le
président du GPDel, Conseiller des États
SVP Hans Hofmann
(66 ans, Zurich), déclare vendredi après-midi
suite à notre
demande qu¹il n¹avait pas eu connaissance
de ce dossier
délicat. Parallèlement, Hofmann désigne
la révélation
spontanément comme une « indiscrétion
incroyable ».
Silence radio
également du côté de l¹organisme de
contrôle
indépendant (UKI) chargé de la surveillance de
l¹espionnage radio.
Ses membres, trois hauts
fonctionnaires des
Ministères de la Défense, de la
Justice et des
Transports, doivent examiner, selon le
règlement, tous les
ordres de surveillances des
télécommunications.
Si l¹organisme de contrôle juge la
légitimité de
l¹odre comme étant insuffisante, il peut
demander l¹arrêt
de
l¹ordre auprès des Conseillers
Fédéraux
chargés
des services de renseignement, à
savoir Samuel
Schmid (VBS) ou Christoph Blocher
(département de
justice et de police, EJPD).
Est-ce qu¹on a
également examiné l¹odre de surveillance
concernant l¹Egypte
et peut-être même demandé son arrêt
? Le président de
l¹UKI, le professeur Luzius Mader,
vice-directeur de
l¹agence fédérale de la justice
refuse de répondre
aux questions : « C¹est le VBS qui
est chargé de
l¹information du public concernant les
activités du UKI
».
Mais là-bas on nous dit également :
« no comment
».
Le porte parole de Schmid, Jean-Blaise Defago : « Le VBS ne
souhaite pas
répondre aux questions ».
Les conséquences
Le chef du VBS
Samuel Schmid lance une enquête
administrative
Excitation,
nervosité, dissimulation : L¹excitation à
Berne est
compréhensible. Au maximum trois ou quatre
personnes sont
habilitées à lire les originaux des
rapports
d¹écoute. Les
messages importants sont
transformés en
rapports secrets, dont les sources sont
systématiquement
cachées et dissimulées.
« C¹est une
catastrophe que le dossier autour du fax
égyptien ait
été
rendu public » dit un initié des
services secrets de
haut rang. « Moi, j¹aurais transmis
le message
directement au Président de la République de
l¹époque,
Samuel
Schmid, qui est en tant que président
du VBS le président
du Comité de Sécurité des
Conseillers d¹Etat.
Si et quand Schmid
a informé ses deux collègues du
Conseil d¹Etat au
sein du Comité de Sécurité (SiA) est
préservé
comme un
secret d¹Etat. Le VBS se tait, Le
Ministère des
Affaires Etrangères Calmy-Rey ne
commente pas cette
affaire et le Ministre de la
Justice de
Christoph Blocher fait également blocage. Le
porte-parole de
l¹EJPD Sascha Hardegger : « Nous ne
souhaitons pas
prendre position par rapport à ce
dossier ».
Le porte-parole du
VBS Defago ajoute que le Conseiller
d¹Etat Schmid
allait sûrement lancer une enquête
administrative afin
de constater comment une telle
indiscrétion a pu
être commise et comment un rapport
secret a pu
parvenir au public.
Les Enquêteurs
Comment des experts
internationaux commentent ces
révélations
Est-ce qu¹un
journal a le droit de publier des
documents secrets
concernant de potentielles prisons de
la CIA ? « Bien
évidemment il a le droit, c¹est un
sujet
d¹intérêt
public » dit Manfred Nowak (55), rapporteur
spécial de
l¹ONU
sur la torture. « C¹est un
scoop », dit Dick
Marty (61), agent spécial du Conseil
de l¹Europe
chargé
du dossier CIA et conseiller municipal
du parti libéral de
langue allemande FDP. Sous réserve qu¹il ne
pouvait pas confirmer
l¹authenticité du document il dit
clairement : « Il
s¹agit là d¹un indice supplémentaire
qui confirme notre
soupçon ». La vérité se dévoilait
maintenant « petit
à petit ». L¹ancien persécuteur de
la mafia Marty qui
examine depuis deux mois le dossier
de la CIA demande
aux gouvernement de « dire enfin la
vérité dans
cette
affaire ».
Petit glossaire des
sigles utilisés
COMINT
(Communications
Intelligence) : Ecoute électronique,
évaluation et radio
transmission.
DAP
Ce service pour
l¹analyse et la prévention au sein du
département de la
justice et de la police est chargé de
la protection de
l¹Etat et de la sécurité intérieure.
Sont concernés
par ce service entre autres :
terrorisme,
extremisme violent, services des
renseignements
interdits.
FUB
Base de support de
la direction de l¹armée. Le domaine
phare de la FUB est
la guerre électronique, c¹est à
dire l¹utilisation
de systèmes militaires de
surveillance de la
communication sans fil, de la
détermination de
ses sources et, le cas échéant, son
brouillage. Ceci
comprend également l¹espionnage de
signaux provenant
de systèmes étrangers de
télécommunication.
LWND
Les services de
renseignement de l¹armée de l¹air procurent les
renseignements secrets
nécessaires pour les actions militaires de l¹armée
de l¹air.
MND
Le service des
renseignements militaire travaille pour
l¹armée et est
sous
les ordres du chef du grand État-
major de
l¹armée.
ONYX
Depuis cinq ans le
VBS exploite à partir de Zimmerwald
(Berne) et via les
stations de satellite Leuk (Valais) et
Heimenschwand
(Berne) le système d¹écoute sophistiqué Onyx
à
l¹aide duquel tous
les conversations téléphoniques, les
émails et
télécopies envoyés via satéllite peuvent
être
interceptés. Parmi
les clients d¹Onyx se trouvent les
services secrets
militaires SND et LWND ainsi que le
service secret
intérieur DAP.
SiA
Le comité de
sécurité du Conseil d¹Etat. Le Ministre de
la Défense Samuel
Schmid (Président), le Ministre de la
Justice et la
Ministre des Affaires Etrangères
Micheline Calmy-Rey
font actuellement partie de ce
collège.
SND
Le service des
renseignements stratégique du Ministère
de la Défense
VBS.
UKI
L¹instance de
contrôle indépendante pour la
surveillance des
renseignements radio. Elle surveille
aussi la légitimite
de tous les ordres de surveillance
radio.
Dossier CIA : Quel
rôle joue la Suisse?
Sonntagsblick, 7
janvier 2006
Lorsque la CIA
pourchasse des terroristes, notre pays est
aussi concerné,
peut importe s¹il s¹agit de jets des
services secrets
qui traversent l¹espace aérien suisse
ou si des agents
abusent de la Suisse en tant que
refuge. La justice
et le parlement à Berne sont en état
d¹alerte.
Plus de 70 fois les
avions des services secrets pour
l¹étranger
américains CIA ont survolé la Suisse au
cours des quatre
dernières années. Il existe des
indications selon
lesquelles il y avait des détenus à
bord d¹une partie
des vols qui avaient été kidnappés et
transféré par
la
CIA vers des prisons de torture
secrètes.
Le procureur de l¹Etat
a commencé son enquête car les
autorités à
Berne
n¹avaient pas été informés de ces
traversées et la
souveraineté de la Suisse a ainsi été
violée. Parmi ces
cas se trouve aussi celui de l¹imam
égyptien Abu Omar
(45) qui a été kidnappé par la CIA le
17 février 2003
à
Milan en Italie, qui a été transféré via
l¹espace aérien
suisse en Allemagne et puis transporté
en toute
illégalité
au Caire. Le chef du commando
responsable, Rober Seldon Lady (52 ans) et au moins
deux
autres agents se sont rencontrés après
l¹enlèvement
dans un hôtel à Zurich pour un briefing.
Quatre de ces avions de la CIA ont même
attéri à
Genève. C¹est pour cette raison que la
Suisse demande à
savoir maintenant qui se trouvait alors à
bord. La
Conseillère d¹Etat Micheline Calmy-Rey
est
intervenue en décembre auprès de
l¹ambassade US
à Bern et a demandé des
réponses. Cette demande est
restée jusqu¹à présent
sans réponse.
Au total, ce sont trois interpellations et demandes
de
la part de membres du parlement qui sont en cours au
Bundeshaus (Maison de l¹Etat) concernant le
dossier
CIA. Et le Conseiller National SP Boris Banga (SO) et
Josef Lang des Verts (ZG) souhaitent savoir entre
autres si la Suisse était au courant de
prisons
secrètes de la CIA en Europe. Maintenant
c¹est
affirmatif, la Suisse a bien été
informée, c¹est du
moins de que démontre le fax égyptien
intercepté par la
Suisse.
Mais le Conseil d¹Etat n¹a toujours pas
donné une
réponse officielle aux membres du parlement
et à la
population suisse.
Nous autres les gardiens par Christoph
Grenacher,
rédacteur en chef, Sonntagsblick, 7 janvier 2006 Bonjour la
Suisse.
Aujourd¹hui on est dimanche.
Et la nation a un nouveau problème.
Le problème c¹est que nos services
secrets écoutent.
Les éspions ouvrent même les oreilles
là où ils ne
devraient pas le faire. Ils ne surveillent pas
seulement ce que les méchants planifient en
Suisse ou à
l¹encontre de notre pays.
Un fonctionnaire zélé intercepte un
message à
contenu explosif : Le Ministre des Affaires
Etrangères
égyptien confirme expressément
à son ambassade par fax
l¹existence de prisons secrètes
américaines en Europe
pour y détenir des sympathisants d¹Al
Qaïda.
Cet écrit est comme de la dynamite. Pour la
première
fois il y a un pays qui dit : Oui, c¹est vrai.
Les
prisons secrètes de la CIA existent.
Même si tous les
États ont jusqu¹à maintenant
démenti, les Américains ça va
de soi, mais aussi les Européens.
Le fax que l¹agent à Berne a
détecté parmi toutes les
données a été classifié
secret par les autorités
suisses ce qui signifie : Si SonntagsBlick en parle,
ceci pourra entraîner des suites
légales. Il s¹agit de
trahison d¹un secret ou bien de trahison
nationale.
Néanmoins nous publions l¹histoire de
façon
transparente, détaillée et ouverte.
Lorsque nous avons pris connaissance de
l¹existence du
document, je le savais tout de suite : si
d¹autres pays
réalisent que la Suisse surveille leur
courrier ça va
causer des problèmes. Les Egyptiens vont faire
opposition et protester. Les Américains
seront fous
furieux. Les pays mentionnés dans le fax des
Egyptiens
ne vont pas nous embrasser de gratitude ; les
services
secrets amis vont fermer leurs canaux de
fréquences
vers la Suisse. Lorsque nous avons été
sûrs que le
document était authentique, ma
décision était prise :
Nous allons rendre public les informations
secrètes.
Sans foi ni loi.
Et nous le faisons par amour de la
vérité. Et nous
devons la vérité aussi à
l¹opinion publique, à nos
lecteurs que nous souhaitons informer
complètement. Et
dans notre travail nous mettons les droits à
la liberté
des hommes et la dignité humaine des individus
au-dessus des intérêts d¹un seul
État. Le pays a le
droit de connaître la vérité.
Nous faisons également
appel à la liberté de la presse. Le
fait de ne pas
divulguer une action contre le droit des peuples
commise par les autorités suisses ne rendra
pas le
monde plus paisible. Le fait d¹occulter une
information
ne correspond pas aux traditions
démocratiques et
surtout pas lorsqu¹une rumeur
s¹avère être un fait.
Nous ne servons pas uniquement l¹Etat. Nous, les
journalistes du SonntagsBlick, nous
considérons
également comme les gardiens de
l¹État. Comme les
gardes et défendeurs de l¹État de
droit. Comme les
gardiens de la communauté, les chroniqueurs
du temps.
Bref, comme indépendants.
Nous détestons autant les muselières
que les prisons
secrètes. Nous les détestons ici et
ailleurs.
Espion & Espion - La CIA à la chasse
: Dick Marty par
Alexander Sautter et Sandro Brotz, Sonntagsblick, 18 décembre
2005 La CIA ne
l¹avouera jamais mais tout l¹indique pourtant: elle espionne
bien le Suisse
Dick Marty (60 ans) qui poursuit les tortionnaires.
Dick Marty est cet homme qui sera redouté par
les
services secrets les plus puissants au monde.
La mission du Conseiller des Etats FDP du Tessin:
L¹ex-persécuteur de la mafia
a été chargé par le Conseil de
l¹Europe à Strasbourg en France
de prouver ce
que le
monde entier ne faisait que soupçonner jusque
là. Les USA
enlèvent, cachent et interrogent
systématiquement leurs
prisonniers au cours de leur guerre contre le
terrorisme mondial. Dans ces camps secrets vers
lesquels les poursuivants de la CIA
transfèrent les
terroristes présumés on pratique aussi
la torture.
« Je ne mets pas la guerre contre le
terrorisme en
question », dit Marty « mais il faut
qu¹elle soit menée
par des moyens d¹un État de droit
». Selon lui, la
torture « n¹est pas efficace et elle est
contre-productive ».
Maintenant la CIA a le chasseur suisse dans le
collimateur. « Je ne serais pas
étonné si j¹étais sur
écoutes » dit Marty à
l¹occasion de la session d¹hiver à
Berne au SonntagsBlick. Il présume que la CIA
va essayer
« d¹apprendre de quelles informations je
dispose ». Et
Marty ajoute : « Ils pourraient aussi essayer
de me
discréditer ».
Le chasseur devient alors le chassé. Les
experts des
services secrets sont unanimes : La grande pose
d¹écoutes de la CIA à Marty a
déjà commencé. « Les
Américains vont à 100% essayer de
savoir ce que
Monsieur Marty sait », dit Erich
Schmidt-Eenboom (53 ans),
dirigeant de l¹institut pour la politique de la paix à
Weilheim en Allemagne.
L¹expert rénommé des services
secrets est convaincu que
les services secrets américains « vont
tenter cela par
tous les moyens électroniques ». Un
fonctionnaire de
haut rang des services secrets suisses qui souhaite
garder l¹anonymat soutient ces informations.
« La CIA
voudra surtout savoir qui sont les sources de Marty
»,
dit-il.
Pour l¹agent spécial suisse ceci
comprend notamment que
:
·
toutes les conversations qu¹il
mène avec son portable
Samsung sont écoutés ;
·
chaque émail sur son ordinateur
portable Macintosh
atterrit achez la CIA ;
·
chaque fax envoyé par lui ou qui lui
est adressé est
intercepté par les fouineurs
américains.
Trois cas rendus publics du passé
récent prouvent qu¹il
ne s¹agit pas de chimères :
·
A Genève la CIA a mis sur
écoute une délégation
d¹économistes japonais qui se
préparait
à des entretiens avec les Américains ;
·
En Iraq, des agents ont infiltré un
groupe de
contrôleurs américains de
désarmement. Les inspecteurs se
sentaient alors abusés à des fins d¹espionnage.
·
A New York, les services secrets ont mis
sur écoute
des membres du Conseil de Sécurité
afin de
connaître leur attitude envers la guerre
projetée en
Iraq.
A toutes ces occasions l¹Agence Nationale de
Sécurité
(National Security Agency (NSA)) a employé
sur demande
de la CIA des moyens techniques très
sophistiqués. Au
quartier général de la
CIA à
Langley en Virginie on ne souhaite commenter ni la
mission de Marty ni son espionnage. « Et nous
n¹allons
pas non plus émettre un commentaire à
l¹avenir » dit
une porte-parole.
Malgré cet adversaire puissant
l¹ex-procureur
poursuit son enquête : « Vous allez
peut-être me
trouver naïf », dit Marty, « mais
je me suis mis au
service d¹une bonne cause et ça,
c¹est la meilleure
protection ».
Enlèvements et torture : la chronologie
d¹un scandale
En 1995 le Président américain Bill
Clinton donne un
nouvel ordre à la CIA : Désormais les
services secrets
doivent traquer des terroristes islamistes
présumés
partout dans le monde entier, les arrêter et
les
transmettre à la justice dans leurs pays
d¹origine. La
Maison Blanche accepte des interrogatoires avec
torture
qui peuvent parfois entraîner la mort.
Depuis les attaques du 11 septembre 2001 George W.
Bush
a ordonné autre chose. Désormais, les
terroristes
présumés sont détenus dans des
services secrets de la
CIA. Le Vice-Président Dick Cheney
défend la pratique
de la torture décrite comme « des
méthodes innovantes
d¹interrogatoire » dans ces camps et il
continue à le
faire lorsque les protestations internationales
deviennent de plus en plus nombreuses.
Les Européens ont surtout été
interpellés par des
articles de presse parlant des transports secrets
de la
CIA de détenus et des prisons
secrètes de ces services
secrets en Europe de l¹Est.
Aujourd¹hui il y a des preuves pour des
centaines de
vols des services secrets à travers
l¹espace aérien
européen au cours des deux dernières
années. La seule
Suisse a constaté plus de 70 vols et quatre
atterrissages à Genève depuis 2003.
Deux parmi ces vols servaient à
transférer sans
disposer d¹un jugement d¹extradition
le prêcheur de la
haine (sic!) égyptien Abou Omar qui a été
enlevé le 17 février 2003 à Milan par
un commando de la CIA et livré entre les mains de la justice
militaire au Caire
(NDLR Quibla : c¹est faux ! Il n¹a
jamais été présenté à la
justice).
Le 7 novembre le Conseil de l¹Europe a
chargé le procureur
Suisse Dick Marty d¹enquêter sur les reproches faites
à la CIA.
Les vols internationaux de la torture
L¹enquêteur du Conseil de l¹Europe
et Conseiller des
États Dick Marty : « Presque tous les
Etats dissimulent la
vérité dans
cette affaire »
par Henry Habegger,
Sonntagsblick, 9 janvier 2006
Berne Le document égyptien
représente « un indice
supplémentaire pour des prisons
secrètes » pour le
Conseiller des Etats FDP Dick Marty (61) qui
enquête
pour le Conseil de l¹Europe dans le dossier de
la CIA.
Pourtant il se pose la question de savoir
pourquoi le
document a été justement découvert par la Suisse.
BLICK : Que pensez-vous du fax égyptien ?
DICK MARTY : Je ne peux pas juger
l¹authenticité du
document. Dans l¹affirmative il s¹agit
d¹un indice
supplémentaire pour l¹existence de
prisons secrètes de
la CIA en Europe.
BLICK : Est-ce que
vous doutez de l¹authenticité du
document?
DM : Je n¹ai pas les bases qui me permettraient
de
l¹évaluer. Je me pose pourtant plusieurs
questions.
Pourquoi est-ce que les services secrets suisses ont
intercepté une correspondance entre Londres
et le Caire
? Est-ce que le document a été
transmis à la Suisse
exprès ? Est-ce qu¹il était dans
l¹intérêt de quelqu¹un
de rendre l¹affaire publique en Suisse ?
BLICK : Qu¹en pensez-vous ?
DM : Je ne sais pas. Le monde des services secrets
est
assez compliqué.
BLICK : Que pensez-vous du contenu du message ?
DM : Je ne savais pas encore que 23 personnes
auraient
été interrogées sur la base en
Roumanie. Je vois ce
chiffre pour la première fois. Les lieux
indiqué de
camps potentiels de détenus sont
déjà connus depuis un
certain temps.
BLICK : Quelle importance le service des
renseignements a-t-il
accordé au message intercepté ?
DM : Toujours en supposant que le message est
authentique, il lui a accordé une importance
relativement grande. Ce message est daté du
10 novembre
2005. Depuis début du mois de novembre la
presse
mondiale parle de prisons secrètes
potentielles. Le 7
novembre, le Conseil de l¹Europe m¹a
chargé de l¹enquête
moi, un Suisse. Tout cela a dû inciter les
services des
renseignements à informer le milieu
politique, c¹est à
dire le Conseil d¹Etat.
BLICK : Fallait-il aussi informer la Ministre des
Affaires Etrangères Micheline Calmy-Rey ?
DM : Oui. Les informations avaient pris une dimension
de politique extérieure. Et Calmy-Rey a
déjà demandé
en juin 2005 à la Ministre des Affaires
Etrangères
américaine Rice de lui donner des
explications quant au
dossier CIA.
BLICK : Comment progresse votre propre enquête
concernant les prisons de la CIA en Europe ?
DM : Le chemin sera long et compliqué mais je
suis
confiant qu¹il nous mènera droit au but.
De plus en
plus de pays se réveillent ,même les
États-Unis, ce que
prouve la critique publique exprimée sur les
écoutes
effectuées par le gouvernement Bush. En Italie
l¹implication de la CIA dans
l¹enlèvement de l¹imam Abou Omar
a été prouvée. Les procureurs milanais ont fait un
excellent travail.
BLICK : Mais le Premier ministre Berlusconi
affirme que les
reproches ne sont pas fondés.
DM : Cela ne veut rien dire. Presque tous les
gouvernements dissimulent la vérité
dans cette affaire.
BLICK : Avez-vous
déjà obtenu les données de vol
Eurocontrol
d¹avions de la CIA et les images prises par
des satéllites
d¹emplacements potentiels de prisons ?
DM : Non, pas
encore. Mais l¹eventuelle non obtention
de ces données est
aussi une réponse.